Forum des Arts Tribaux

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Ces œuvres d'art font partie intégrante de la société initiatique Bwami, et sont utilisées pour enseigner des leçons de morale et d'éthique. Associées au langage (proverbes) et à l’expression corporelle (mime, danse),les œuvres d'art composent des phrases visuelles : les idées qu'elles véhiculent expriment les valeurs de la société lega, et ses idéaux.

Les artistes lega créent des formes singulières et étonnamment novatrices, tout en respectant des codes esthétiques strictement définis. Afin de souligner cette diversité artistique, l'exposition présente une grande variété d’oeuvres dans une large gamme de styles : coiffes en peau de pangolin ou ornées de coquilles, colliers en dents de léopard, cuillères d'ivoire, ceintures de cauris, masques et personnages sculptés dans le bois ou l’ivoire.

L'exposition présente ces objets en tant qu'œuvres d'art ; seuls quelques accrochages donnent à voir le contexte de présentation originel des objets. Des proverbes accompagnent ces œuvres, pour montrer la puissance du lien entre visuel et verbal dans l'art lega : les objets et les mots prennent sens à travers un langage symbolique. Comme de nombreux peuples africains, les Lega associent beauté et vertu morale, ce qui permet aux Mwami, les membres du Bwami, d’enseigner les valeurs morales, sociales et politiques au travers d’œuvres d’art exceptionnelle.

 

QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES

Les peuples Lega vivent à la bordure sud-est des forêts tropicales du centre de l’Afrique, en République démocratique du Congo. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, les Lega et leurs peuples voisins sont victimes du commerce des esclaves et de l’ivoire, qui a cours dans l’Océan Indien. En 1885, les Lega sont déplacés dans l’État libre du Congo, qui devient le Congo belge en 1908.

Cependant, ils vivent dans une région isolée et montagneuse, qui a longtemps échappé au contrôle de l’administration coloniale. Les autorités déclarent le Bwami illégal en 1933, puis de nouveau en 1948, ce qui provoque un changement radical dans les arts et les pratiques rituelles lega. Depuis l’indépendance du Congo en 1960, les Lega, comme les autres Congolais, ont énormément souffert, dans la tumultueuse histoire de combats civils encore en cours aujourd’hui.

LA SOCIÉTÉ BWAMI : L’INITIATION, PROCESSUS DE TOUTE UNE VIE

La société bwami est le chemin par lequel les hommes et les femmes lega tentent d’atteindre excellence morale, beauté, sagesse et prestige. Organisé en cinq grades, ou niveaux, pour les hommes, et trois pour les femmes, le Bwami est une association de volontaires ouverte à tous les membres de la communauté. Elle accompagne et guide une personne tout au long de sa vie.

 

LE VISAGE PUBLIC DU BWAMI

La communauté bwami reconnaît facilement ses membres, grâce à l’insigne public et aux objets distinctifs, associés aux différents grades et échelons. Contrairement aux signes identitaires qui proclament publiquement le statut des membres, les rites initiatiques ne sont pas publics et seuls les bwami initiés en connaissent certains aspects.

L’ENTRÉE DANS L’ÂGE ADULTE : LE CŒUR DU BWAMI

Un jeune garçon débute son voyage initiatique par le premier niveau. Comme pour les étapes ultérieures, l’initié est placé devant des objets, naturels et fabriqués, afin de les étudier et de les interpréter. Le panier ou la besace, utilisés pour transporter les objets, sont eux aussi sujets à interprétation et présentés au cours de l’initiation. Objets et proverbes, danse et gestuelle visent à mettre l’accent sur certaines valeurs positives et à décourager celles qui sont négatives. Par la richesse des cérémonies rituelles, l’initié acquiert les talents et l’approche philosophique qui le guideront tout au long de sa vie d’adulte.

AVANCER DANS L’INITIATION : LES PEUPLES DE LA QUEUE DE L’ÉLÉPHANT

Le monde animal est une source riche en métaphores pour les enseignements bwami. Chasseurs réputés, les Lega ont acquis une connaissance affinée du comportement des animaux et de leurs caractéristiques physiques qu’ils associent métaphoriquement au comportement humain. L’importance que le Bwami accorde aux animaux s’exprime de diverses manières : objets, chants, figurines sculptées, danse ou mime et, bien sûr, proverbes.

 

LES GRADES SUPRÊMES DE L’INITIATION DU BWAMI : DONNER FORME À LA SAGESSE

Seuls les membres du Bwami appartenant aux plus hauts grades peuvent posséder à titre individuel ou collectif des figurines humaines. Comme pour tout art lega, ces œuvres ne fonctionnent que dans un contexte initiatique. Leurs significations sont généralement associées à des proverbes. Déplacées de leur contexte bwami, les figurines humaines perdent leur véritable sens. Un membre bwami qui a besoin d’une figurine donne à l’artiste un minimum d’éléments pour qu’il accomplisse sa tâche : le matériau et une description succincte. Si l’artiste a une grande liberté pour sculpter l’œuvre, il n’en connaît que rarement la finalité.

MASQUES, SYMBOLES DE CONTINUITÉ

Les masques perpétuent la mémoire des morts. Comme pour beaucoup d’objets initiatiques, leur usage et leurs significations varient en fonction du contexte des cérémonies rituelles. Utilisés uniquement dans les rites initiatiques des deux grades supérieurs bwami, ils sont fixés à différentes parties du corps, empilés, suspendus à des barrières, exposés, traînés au sol et seulement occasionnellement portés sur le front, leur barbe retombant sur le visage du porteur du masque. Même si les femmes ne possèdent pas de masques, hommes et femmes les manipulent et les présentent dans des séquences initiatiques très semblables.

L’INITIATION ULTIME : LA CONNAISSANCE PAR LA CONTEMPLATION

Le stade ultime de l’initiation, pour le membre bwami comme pour l’amateur d’art occidental, est de regarder, d’apprécier et de voir au-delà de l’apparence formelle. L’homme Lega qui souhaite atteindre le niveau le sommet du Bwami, subit un rite ultime au cours duquel il est conduit par le maître devant plusieurs œuvres d’art. Il n’y a pas d’échange de paroles, pas de chant, pas de danse. L’initié examine en silence chaque objet. La connaissance acquise durant une vie d’enseignements, l’étude des objets et de leurs agencements ritualisés sont autant de clés qui donnent accès à de nouvelles leçons de vie et de nouvelles vérités.

 

DU MERCREDI 13 NOVEMBRE 2013 AU DIMANCHE 26 JANVIER 2014

  • mezzanine Est
  • billet Collections ou billet jumelé

 

COMMISSARIAT

  • Elisabeth L. Cameron, maître de conférences en histoire de l’art et culture visuelle

 

COORDINATION

  • Gassia Armenian, adjointe, conservation et recherche au Fowler Museum at UCLA

 

AUTOUR DE L'EXPOSITION